Jossot a curieusement commencé sa carrière de dessinateur de presse en exposant des caricatures aquarellées au Salon des Amis des Arts de Dijon, en 1892, et au Salon des Indépendants, en 1893. Il n'a jamais abandonné ce moyen d'expression qui lui permet d'exploiter son expérience de caricaturiste dans un genre plus reconnu. Le côté graphique et primesautier de cet oeuvre le rend souvent beaucoup plus hardi que ses toiles, surtout durant sa période orientaliste.
Les encres de Jossot, réalisées en Bretagne autour de 1900, offrent une certaine parenté avec l'oeuvre d'Auguste Lepère et surtout de Henri Rivière. Elles révèlent la sensibilité du caricaturiste aux formes torturées des arbres et aux rochers érodés par la mer où il se plaît à dénicher des figures grotesques...
Le goût de l'artiste pour les enchevêtrements compliqués et les formes mouvementées ne l'abandonne pas en Tunisie. S'il exploite volontiers les « effets de burnous », son trait finit cependant par s'assagir au contact du désert. Il pèse alors sur les vastes paysages des oueds ou les maisons traditionnelles en toub et apaise l'oeil comme une couverture de neige qui étouffe les sons et arrondit les angles.
Jossot, qui voue un culte au soleil, se baigne de lumières et s'enivre des couleurs tunisiennes. Dans cette aquarelle réalisée à Nefta, il tente des associations audacieuses qui pourraient l'assimiler aux peintres fauves s'il rompait simultanément avec la tradition orientaliste.
Cette aquarelle a été réalisée en 1909, au cours d'un voyage de Jossot en Algérie. L'artiste s'applique à traiter les ombres colorées et la lumière dorée en touches directionnelles.
En dépit de ses annonces successives, Jossot ne s'est pas limité au genre orientaliste traditionnel, mais il a longtemps poursuivi son oeuvre satirique en Tunisie. Comme de nombreux européens, il se moque ici de l'obésité des femmes juives et des prétentions de leurs maris qui cherchent à respecter les traditions tout en « singeant » une modernité vestimentaire française. Comme dans ses toiles, le contenu humoristique n'est pas toujours évident. L'image de droite juxtapose des types méditerranéens et indigènes, dans l'idée de dénoncer l'inélégance d'une plèbe italienne, espagnole ou maltaise, que les intellectuels arabophiles de cette époque rendent volontiers responsable de tous les maux de la colonie.
Copyright © Henri Viltard, janv. 2008
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