Mohamed Bey Kheireddine (1870-1922), premier « instructeur » de Jossot

photo de Mohamed Bey Kheireddine

Mohamed Bey Kheireddine est un penseur et un mystique, fils du ministre et grand vizir Tahar Kheireddine Pacha. Né à Kheireddine en Tunisie, il a vécu à Constantinople avec son père et sa famille, à partir de 1878. Il est décrit comme un personnage réservé, prisant la solitude et la rêverie, doté d’un esprit critique très solide. Après ses études secondaires, il assouvit sa grande soif de connaissances en se plongeant dans des lectures érudites : philosophie, histoire, histoire des religions, littérature comparée, biologie, hermétisme et surtout mysticisme. D’une curiosité large, son champ de connaissance couvre sa culture d’origine, mais aussi celle de l’Occident : Pythagore, Platon, Appolonius de Thyane, les Alexandrins, les mystiques du Moyen-Âge et de la Renaissance ne sont pas négligés par cet esprit encyclopédique. Nommé auditeur au conseil d’Etat par le sultan Abdul-Hamid, le jeune homme était voué à une brillante carrière politique qu’il feint de suivre seulement six mois, avant de s’enfuir à Paris pour y découvrir, durant deux ans, la richesse de la vie intellectuelle.

Il devient alors un habitué du Collège de France et fréquente les cercles d’artistes, les peintres et les musiciens, s'imprégnant des modes intellectuelles de l’époque : Michelet, Taine, Spencer, Gustave Lebon, Poincaré, Maeterlinck, Ibsen, W. James, Bergson, n’ont cependant pas réussi à lui faire oublier ses racines. Après un bref retour à Constantinople, il séjourne en Tunisie, Algérie, Egypte, puis au Maroc où il suit l’enseignement de Sidi Mohammed El Kittani (?-1927). Tournant le dos à la vie moderne, il s’isole pendant six ans dans la zaouïa de Marrakech. Suite à la révolution turque de 1908, il est rappelé par sa famille et retourne à Constantinople où il fait la connaissance du cheikh Sharafuddin Daghestani (1875-1936). Il dirige alors le principal journal d’opposition, le Chehrah. Suite à l’assassinat du ministre de la guerre Soliman Chevket Pacha, il est arrêté et déporté à Sinope avec son frère qui deviendra plus tard ministre de la Justice en Tunisie.

Mohamed Bey Kheireddine trouvera à Sidi-bou-Saïd un paisible lieu de retraite, de méditation et d’échanges intellectuels : « Histoire, philosophie, religion, sciences sociales, littérature, légendes, ésotérisme, mysticisme, il parlera alors de tout, selon les circonstances, mais toujours avec une telle originalité, une telle élévation et une telle richesse de vocabulaire, que ces causeries, auxquelles un nombre limité d’intimes aura le privilège d’assister, demeureront pour nous comme un perpétuel sujet d’étonnement et d’inconsolable regret » (Zmerli p. 82). Son brusque décès, survenu le 31 décembre 1922 au cours d'une crise cardiaque, a plongé ses amis dans la stupéfaction. Dans le Sentier d'Allah, Jossot résume les enseignements de ce « mystagogue » et raconte comment Eugène Taillard (arabisant et interprète au Tribunal mixte de Sidi-bou-Saïd) et son épouse l'entraînèrent vers le cheikh Ahmad Al-Alawî.


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